La vérité corrigé des exercices du 21 22 mars.pdf


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réel et ce que nous en disons. S’il n’y avait pas des esprits capables de se représenter le réel présent,
la question du vrai et du faux ne se poserait pas. Pas de « raison »? Ni « vérité, ni « fausseté ».
Seulement « le réel », « le réel » seulement. L’esprit porte à lui seul la responsabilité du vrai et du
faux : lui seul doit en répondre, répondre à l’exigence de vérité. Parce que c’est par un esprit,
humain - ou, si on en fait l’hypothèse, divin ou animal ou végétal - que l’exigence de vérité prend
sens.
On objectera que dans un domaine cette inversion (cette transposition ou, comme l’écrit
Spinoza dans la troisième partie du texte, cette « métaphore ») a un sens : dans le domaine des
artefacts humains, des choses fabriquées par les êtres humains : une table, une chaise, une route, un
pont, un hôpital, une école, une centrale hydro-électrique. Dans ce cas, la question se pose en effet
de savoir si la chose fabriquée réalise fidèlement l’idée qu’on en avait conçue avant de « réaliser"
cette idée, c’est-à-dire de la rendre « réelle ». Dans le monde anthropisé où nous vivons, ces
choses-là sont particulièrement nombreuses, voire quasi omniprésentes : des tables et des chaises,
mais aussi des des organismes génétiquement modifiées et des orbites terrestres sillonnées par des
satellites artificielle. N’est-ce pas un problème? Et ce problème ne viendrait-ils pas de cette emprise
technicienne de notre rapport au réel qui veut faire de toute chose un artefact que nous maîtriserions
- ou croirions maîtriser?
Exercice n°3 : trouvez vous-même 2 ou 3 exemples d'énoncés mensongers qui
constituent, à l'insu de la personne qui parle, un énoncé vrai, qui s'accorde malgré le
menteur ou la menteuse, avec la réalité que celui-ci ou celle-ci prétendait cacher à autrui.
Réponse : par exemple, vous pourriez lire Le mur (1939), une des nouvelles de JeanPaul Sartre. Des extraits, ici.
Exercice n°4 : expliquez la définition par Benvéniste de ce que signifie "répondre" : "la
réponse [est] une réaction linguistique à une manifestation linguistique".
Ce texte est passionnant du fait que la profondeur de la réflexion a pour point de
départ une remarque d’une grande simplicité. J’aime beaucoup ce texte.
Mais peut-être n’est-ce pas ce que vous souhaiteriez apprendre sur ce texte.
Vous, vous l’avez aimé, ce texte?
Par exemple, là, nous sommes en train de parler d’un texte. Ne serait-ce que pour
dire qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Pour en dire, peut-être, qu’on ne l’a pas bien
compris, ou même pas du tout. Vous avez vous-même écrit à propos de ce texte. Bien.
Avec tout ça, on est au coeur de ce dont parle Benvéniste quand il veut marquer la
différence entre un simple système de communication (chez les abeilles par exemple) et
un langage stricto sensu (chez les humains).
Car parler, être dans le langage, c’est essentiellement « parler à d’autres qui me
parlent » et donc parler de …leurs paroles.
Ce qui est remarquable chez les êtres humains c’est que ce dont ils parlent c’est le plus
souvent d’autres paroles. Discuter, « dialoguer », c’est répondre à ce qui vient d’être dit et,
du seul fait de répondre, offrir à son interlocuteur.e la matériau dont il ou elle parlera à son
tour.
Bref parler c’est produire une « manifestation linguistique » (une prise de parole,
par exemple) en réponse à une autre « manifestation linguistique » (une prise de parole
préalable ou un texte ou un tableau ou … le silence lui-même car le silence n’est pas le
contraire de la parole puisque c’est toujours le silence qui donne la parole).
Des exemples de « manifestations linguistiques »? Dire « c’est vrai », dire
« n’importe quoi! », dire « j’ai déjà entendu dire ça autrefois », dire « qui t’a dit ça? », etc.