ombres et lumieres 4.pdf


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endroits de ce livre, j’ai encore vu traiter les mêmes questions qui m’ont beaucoup
préoccupé ces derniers temps et auxquelles, à la vérité, je ne cesse de penser, surtout
depuis la fin de mon séjour à La Haye : ce sont des choses dont j’avais entendu dire
qu’Israëls les avaient dites. C’est : qu’il faut commencer à peindre dans une échelle de
tons mineurs, et donner des valeurs relativement claires avec des tons gris. En somme :
exprimer la lumière par opposition à des tons sombres. Je sais tout ce que tu veux dire
par « trop noir » ; mais d’autre part, je ne suis pas encore tout à fait convaincu que, pour
ne parler que d’une chose, un ciel gris doive être peint dans le ton local. » (Vincent Van
Gogh, Correspondance complète, Tome II, Paris, Gallimard / Grasset, 1960, p. 347)
On trouvera une autre éloge dans la lettre du 10 septembre 1889 à son frère Théo :
« Quel grand homme que Fromentin – lui pour ceux qui voudront voir l’Orient restera
toujours le guide. Lui le premier a établi des rapports entre Rembrandt et le Midi, entre
Potter et ce qu’il voyait. »
L’emblème de cette recherche est évidemment la couleur jaune, j’extrait de cette même
correspondance deux passages qui me semble définir à souhait les qualités et le pouvoir
d’une écriture coloriante pour Vincent Van Gogh : « Une autre toile représente un soleil
levant sur un champ de blé jeune blé ; des lignes fuyantes, des sillons montant haut dans
la toile, vers une muraille et une rangée de colline lilas, le champ est violet et jaune-vert.
Le soleil blanc est entouré d’une grande auréole jaune. Là-dedans j’ai, par contraste à
l’autre toile, cherché à exprimer du calme, une grande paix (…) As-tu vu de moi avec un
petit faucheur, un champ de blé jaune et un soleil jaune ? Ca n’y est pas, et pourtant la
dedans j’ai encore attaqué cette diable de question du jaune. Je parle de celle qui est
empâtée et faite sur place et non de répétition à hachures où l’effet est plus faible. Je
voulais faire cela en plein soufre. » (Correspondance complète, ouvrage cité, Tome III,
p.414 et 415).
Quelques lignes de Gaston Bachelard suffiront avec respect et tendrement (extrait de Le
Droit de rêver) : « Un jaune de Van Gogh est un or alchimique, un or butiné sur mille
fleurs, élaboré comme un miel solaire. Ce n’est jamais simplement l’or du blé, de la
flamme, ou de la chaise de paille : c’est un or à jamais individualisé par les interminables
songes du génie. Il n’appartient plus au monde, mais il est le bien d’un homme, la vérité
élémentaire trouvée dans la contemplation de toute une vie. »
Vincent Van Gogh à nouveau : « Dans un tableau je voudrais dire quelque chose de
consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes et des femmes avec je
ne sais quoi d’éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole, et que nous cherchons
par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. »
Extrait de l’Anthologie des écrits sur l’art, (Lumière et morale) de Paul Eluard, Editions
Cercle d’art, Paris, 1987.
Vous trouverez à fin d’illustrer ce cours : Vincent Van Gogh, Les couleurs de la nuit,
Editions Actes Sud, 2008,
Turner, La vie et les chefs d’œuvres, Eric Shanes, 2004,
Vermeer et les maîtres de la peinture de genre, Editions d’art Somogy, Louvre Editions,
2017,
En vous souhaitant une agréable lecture.
Frédéric Appy